Laura MOUTTE

Laura MOUTTE

Laura Moutte imagine des œuvres comme des lieux de friction douce, où les couches du réel se déplacent et se rejouent. Ce qu’elle cherche, ce n’est pas la vérité brute, mais ce qu’elle appelle des "vérités moins manifestes mais plus sensibles".

Laura Moutte est née à Toulon en 1999, elle vit et travaille entre Nice, Toulon et Paris.

Sa pratique est transversale, fragmentée, pluridisciplinaire — elle navigue librement entre image, son, texte, installation, performance ou édition. Ce qui relie ces formes, c’est une attention constante portée à ce qui échappe : les traces, les échos, les récits mineurs, les cartographies sensibles. Elle fabrique des territoires en tension — entre réel et fiction, documentaire et imagination, entre souvenir personnel et histoire collective.

Formée d’abord pour rejoindre des études en physique, nourrie par dix ans de pratique musicale et d'une proximité permanente avec la nature, sa démarche conserve une rigueur d’observation qui se mêle à une écriture sensible du monde. Elle s’intéresse aux espaces traversés ou rêvés, aux imaginaires populaires, à la mémoire, à l’intimité sonore, à ce qui glisse ou résiste dans les interstices. Le territoire n’est jamais un simple décor, mais un outil de narration, de résistance, ou de projection critique.

À travers ses pièces, elle interroge notre rapport à l’écoute, au paysage, aux autres. Il y a souvent dans son travail une tentative de rendre perceptible ce qui ne l’est pas : une pulsation transmise de corps à corps, un chant sans langue, des données climatiques converties en image, des souvenirs devenus fiction. L’intelligence artificielle, l’image altérée, la poésie fabriquée ou la superposition de plans sonores sont autant de manières de recomposer le réel à travers ses failles.

Ses œuvres prennent la forme de dispositifs immersifs, de performances murmurées, de séries photographiques augmentées, de vidéos retravaillées, de mini-fictions à écouter ou lire, ou encore d’installations discrètes qui redéfinissent notre façon d’habiter un espace.

Elle compose des micro-récits souvent liés à la disparition : d’un animal inventé, d’une langue oubliée, d’un son étouffé, d’une planète déjà perdue. Ce sont moins des monuments que des échos — des tentatives de tendre l’oreille à ce qui persiste, même faiblement.

Ses engagements environnementaux se tissent dans l’ensemble de sa pratique, sans slogans ni effets. Elle observe, elle écoute, elle relie. Qu’il s’agisse de travailler avec des matériaux de récupération, de détourner des outils scientifiques pour en faire émerger des formes poétiques, ou d’imaginer les paysages d’un futur abîmé, sa démarche inscrit le vivant au centre. Pas comme décor, mais comme matière, comme altérité fragile, comme mémoire en mouvement. Elle aborde la nature non pas comme un ensemble figé, mais comme un tissu d’interdépendances qu’il faut réapprendre à percevoir, à traduire, à protéger — parfois par le détour, par la fiction ou par la dissonance.

Laura Moutte imagine des œuvres comme des lieux de friction douce, où les couches du réel se déplacent et se rejouent. Ce qu’elle cherche, ce n’est pas la vérité brute, mais ce qu’elle appelle des "vérités moins manifestes mais plus sensibles" — ces zones poreuses où perception, mémoire et engagement s'entrelacent.