Introspection/Projection, 2024
“Nous n’avions pas vraiment peur...C’est vrai. Ces montagnes on les connaissait par coeur. Des fois pourtant, la panique nous gagnait. Je me souviens du chant des abeilles. C’est lorsque l’orage nous vient. Il faut perdre du dénivelé au plus vite car l’air s’est déjà chargé en électricité.”
Captures d’écran de la vidéo d’arrière-plan de Introspection-Projection, 2024
Il y a des territoires qui n’existent plus vraiment, pas tout à fait. D’autres qu’on n’a jamais vraiment vus, mais qu’on croit reconnaître dans les creux d’un souvenir raconté. Entre le terrain de l’expédition et celui de la mémoire, l’espace devient bancal, instable, comme les images qui flottent à la surface d’un film Super 8. Alors on a cherché à combler les interstices. À refaire coïncider les silhouettes de ceux qui ont marché, grimpé, exploré, avec un décor capable d’accueillir la mémoire, même partielle, même floue.
Ici, l’intelligence artificielle n’est pas celle qui simule mais celle qui reconstruit. On lui donne des mots-clés, des bribes de récits familiaux, des témoignages, des fragments de paysages vécus mais altérés par le temps et la mémoire. Elle fabrique alors un territoire qui n’existe pas, et pourtant peut-être plus fidèle que l’original : un territoire de réminiscences. Les images projetées en deviennent des nappes : nappes de montagnes inventées, de brouillard mnésique, de souvenirs rendus visibles.
Sur scène, une performance sonore accompagne cette recomposition. Une voix, des souffles, des frottements, un theremin qui tangue. L’ensemble crée un paysage en strates : visuelles, auditives, temporelles. C’est une tentative de cartographie sensible, où les chemins empruntés par les souvenirs ne sont jamais linéaires. Où le territoire est à la fois réel, fictionnel et vécu.
Introspection-Projection, 2024 Photographies de la performance sonore (bruitages, musique live)