Photographie et retouche numérique
Photographie et retouche numérique, impression affiche dos bleu 150x213 cm

Qui a dit que les oiseaux se cachaient pour mourir? Je ne sais pas s’ils sont morts mais en tout cas ils sont très bien cachés. 2019

L’oiseau s’est retiré, l’humain a pris sa place. Ou bien il ne restait que ça à photographier. Ce n’est pas une disparition spectaculaire, c’est une disparition molle, acceptée, banale.

Cette image part d’un manque. Celui qu’on ne remarque pas tout de suite. L’absence de bruit, de mouvement, de silhouettes familières dans le ciel. En lisant Silent Spring de Rachel Carson, j’ai compris que certaines disparitions s’installent en silence, sans choc, sans effroi. Juste par effacement.

Sur la ligne, ce ne sont pas des oiseaux. Ce sont des corps. Des figures humaines posées là où on attendait d’autres formes. Ils sont immobiles, figés, presque en attente. L’image rejoue un souvenir, une scène connue — celle des oiseaux regroupés au crépuscule — mais quelque chose a glissé. L’oiseau s’est retiré, l’humain a pris sa place. Ou bien il ne restait que ça à photographier.

Le montage est volontairement minimal. Pas d’effets. Pas de mise en scène spectaculaire. Seulement une tension : celle d’un équilibre fragile, d’une fiction rendue plausible. L’image interroge notre manière de voir, ce qu’on projette sur un paysage, ce qu’on attend encore de lui.

Ce projet n’est pas une illustration. C’est un déplacement discret. Une manière d’évoquer l’effacement du vivant, non pas par drame, mais par glissement. Ce n’est pas une disparition spectaculaire, c’est une disparition molle, acceptée, banale. Les oiseaux ne se cachent pas pour mourir, ils se dissolvent doucement dans nos habitudes qui contrarient leur existence. Une image où l’on ne sait plus très bien ce qui a disparu, ni ce qu’on est en train de regarder. Seulement qu’il est déjà peut-être trop tard pour l’entendre.